Les OGM sont un poison, selon une très sérieuse étude
d’un toxicologue français. Le problème, c’est qu’on peut en ingurgiter
sans le savoir !
Maurice Losch, vous êtes chargé de campagne OGM
& Agriculture chez Greenpeace Belgique. Que vous inspire cette
inquiétante étude sur les OGM ?
Tout d’abord, il faut noter que ce n’est pas la première fois qu’une
étude montre les effets nocifs des OGM sur la santé. Mais ce qui marque
les esprits ici, c’est l’ampleur de l’étude et la clarté des
conclusions. Bref, si les résultats sont inquiétants, ils ne me
surprennent pas pour autant. Et puis, ajoutons que des zones d’ombre
subsistent malgré tout.
Des zones d’ombre ?
Les manipulations génétiques génèrent un nombre incalculable (et
parfois difficilement imaginable) d’effets. Il n’est donc pas possible
de tous les tester. On a par exemple constaté que certains OGM faisaient
mourir les larves de coccinelles. Un animal qui joue un rôle important
dans l’écosystème. Certains effets n’apparaissent aussi qu’à plus long
terme. Le principe de précaution doit donc être de mise! Arrêtons de
jouer aux apprentis sorciers!
Que demande Greenpeace ?
Notre position est claire : nous plaidons pour un moratoire complet
des OGM. Primo, il faut retirer tous les OGM qui ont été autorisés.
Secundo, il ne faut en aucun cas tolérer de nouveaux produits, que ce
soit à la culture ou à l’importation. Actuellement, au niveau européen,
une vingtaine de nouveaux OGM sont dans le «pipeline» et attendent le
feu vert de la Commission. Cela signifie qu’en théorie, 6 ou 7 OGM
supplémentaires pourraient être cultivés au printemps… Et la Belgique
dans tout ça? Qu’elle cesse d’accepter des essais OGM dans certains
champs. Agir autrement serait irresponsable.
Selon Greenpeace, c’est aussi tout le système d’évaluation et d’autorisation des OGM qui laisse à désirer au niveau européen.
Tout à fait. Nous constatons que la Commission européenne autorise
les OGM les yeux fermés! Les effets à long terme ne sont pas assez pris
en compte. Ce sont les firmes qui développent ces produits qui mettent à
disposition les études. Un non-sens. Cette situation est intenable.
C’est irresponsable de mettre ça dans nos assiettes et dans les champs!
Le comportement de la Commission européenne s’apparente d’autant plus
à une farce que la grande majorité des consommateurs en Europe n’en
veulent pas de ces OGM, sondages à l’appui. Et si l’on s’en tient au
niveau environnemental et économique, aucun bénéfice n’est retiré de
l’utilisation de ces substances. Même les agriculteurs sont perdants. Il
y a là un mandat clair que doivent endosser les hommes et femmes
politiques.
Que peut faire le consommateur à son niveau ?
Malheureusement, on peut ingurgiter des OGM sans même le savoir. En
Belgique, rien n’oblige les commerçants à indiquer sur l’étiquette de
votre paquet de viande si la vache a mangé du soja génétiquement
modifié. Au contraire de la France où une loi réglemente la question.
Mais du côté du secteur privé, une dynamique se met en place. La
distribution écoute les doléances et demandes de ses clients et se rend
progressivement compte de l’importance de rendre nos assiettes plus
transparentes. Au niveau européen mais aussi belge. Ce n’est donc pas
une surprise que le secteur se soit engagé dans la bataille. Et ce, bien
avant même que l’étude du professeur Séralini soit lancée.
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